La tradition des "Mais"

 

A Noyen comme dans beaucoup de villages de France, existait auparavant la tradition des mais.

Le soir du 30 avril se déroulait, en effet, un étrange ballet dans les rues du village une fois la nuit tombée. Tous les jeunes gens se donnaient rendez-vous et parcouraient le village et ses hameaux à la recherche de tout ce qu’ils pouvaient trouver : cela allait d’une simple jardinière accrochée à une fenêtre à un outil agricole même de taille respectable trouvé dans un champ.

Tous ces objets étaient installés sur la place du calvaire autour de la croix et au petit matin, c’était un véritable capharnaüm que les passants découvraient. Ça n’était pas une surprise car cette tradition était évidemment connue, et par conséquent tous les habitants prenaient la précaution de mettre à l’abri tout ce qui pouvait être emporté. Mais certains oubliaient ou n’imaginaient pas que des objets solidement accrochés ou très lourds puissent être déplacés par ces petits plaisantins d’un soir.

Le jeu pour les Noyennais consistait ensuite à reconnaître le propriétaire de l’objet et de rire sous cape en se disant qu’untel s’était « bien fait avoir ». Parfois, certains objets restaient plusieurs jours car le propriétaire ne s’apercevait que tardivement de leur disparition car évidemment c’était à lui, l’imprudent, qu’incombait la tâche de récupérer l’objet.

Dans le même temps, les jeunes gens en parcourant le village accrochaient un bouquet de lilas sur les maisons ou habitaient des jeunes filles célibataires. Le jour du 1er mai ou les dimanches qui suivaient, les parents de la jeune fille étaient alors tenus d’offrir à boire à toute la bande de joyeux drilles qui se présentait : on appelait cela « arroser les mais ».

Tout cela se déroulait dans une atmosphère bon enfant même si quelques grincheux n’appréciaient pas trop que l’on « emprunte » même pour un soir leur bien mais dans ce cas, ils courraient le risque d’être particulièrement visé les années suivantes. Il valait donc mieux faire contre mauvaise fortune bon gré.

Cette tradition a dû perdurer à Noyen jusque dans les années 1980.