Nous qui vivons à Noyen, y trouvons un certain charme notamment dans notre hameau du Portmontain qui s'étire le long de la Seine mais il semble qu'il y ait plus d'un siècle, certains trouvaient déjà l'endroit fort plaisant.

Jugez-en plutôt avec cet article très élogieux paru dans l'édition du mardi 16 août 1898 du journal « La Brie » sur Le Portmontain.

 

Pêche« Je croyais qu'il n'y avait plus de découvertes  à faire, dans les régions propres aux  villégiatures.

 Je me figurais que, s'il y avait  encore des  explorateurs, on ne les trouvait  plus qu'au  pays de Brizeux, en terre d'Armor,  et qu'il  était inutile de chercher à en  rencontrer dans  le Parisis. Quelle erreur était  la mienne !

 

 

 

Connaissez-vous Portmontain ?

Dans un coude que fait la Seine, - la Seine encore étroite et toute remplie de nénuphars- le poère parnassien Emile Dodillon, l'auteur du Purgatoire de Madame Roblin, explora naguère ce village lacustre et paludéen, aux végétations charmeresses, aux frondaisons épaisses, peuplé par une tribu de pêcheurs farouches et d'agricoles méditatifs. Emile Dodillon, d'armoricaine origine, mais issu de colons qui plantèrent leur tente au pays broard, est l'un des bardes actuels de Provins-les- Roses, où il vaticine aux lieu et place d'Hégésippe, en compagnie d'un autre poète, autochtone celui-là, Justin Bellanger.

Eh bien, Dodillon fit de Portmontain, sa trouvaille, un lieu d'artistique pèlerinage. Il y amena sans tapage François Coppée, - qu'il faisait passer pour un illustre abbé voyageant incognito,- et d'autres seigneurs de moindre importance, accompagnés ou non de grandes dames.

Moi j'y fut aussi, et j'en reviens émerveillé.

HostellerieL'unique auberge de ce lieu simpliste, vouée à monseigneur Saint-Nicolas, vous prépare comme en Espagne, les mets que l'on apporte à la cuisinière. Par Saint Jacques de Compostelle, on s'y croirait dans l'une de ces hostelleries où les gentilshommes, pour se servir, vont visiter le poulailler ! On y boit un vin clairet, qui sent tout à la fois, la Bourgogne non lointaine et la Champagne très proche. C'est une maison ou l'on ignore le protocole, le parler obséquieux et ou les rois ne pourraient venir que sous un déguisement ; mais c'est une bonne maison

D'ailleurs qu'importe l'auberge ? C'est du pays qu'il faut parler.

Pour en bien comprendre le charme, il faut avoir vu Auteuil-les-Bains. Si vous connaissez le flot limoneux de notre grand fleuve ; si vous avez contemplé les ventres blancs des poissons morts suivant le fil de l'eau, tandis que de jeunes mousquetaires en casquette accompagnent de chœurs antiques le sifflement des vapeurs traînant des chalands ; - venez vite vers la Seine de Portmontain ! »